Je pense l'avoir déjà évoqué sur ce blog, mais je suis une pipelette invétérée. Du genre qui peut faire parler des chaises* soit disant. Et pourtant en cette drôle d'année que je traverse, je me découvre une certaine** difficulté à évoquer, non pas ces petits agacements du quotidien, mais ces ennuis qui agitent mon esprit une bonne partie de la journée.
Face à ces embêtements, j'ai donc traversée plusieurs phases de dialogue (ou manque de, en l'occurence). Passée la phase, "un problème? quel problème? il n'y a pas de problème (donc pas de discussion)", je suis rentrée dans la phase "merde en fait il y a un problème, mais ne m'en parlez surtout pas (au risque de vous faire arracher la tête)". J'arrive presque maintenant à aborder le sujet sans m'énerver, mais enfin j'ai encore des progrès à faire.
Et donc en essayant de comprendre pourquoi je suis bloquée de la sorte depuis quelques temps, j'en suis venue à contempler mon environnement. De travail. Social. Virtuel. Et de réaliser ma position au milieu de ce qui semble être une grande course à l'overachievement. Qui aura la prochaine promotion, qui aura l'award de l'année, qui changera de poste le plus rapidement, qui aura la plus grosse voiture, qui aura la plus belle vue sur la lac, qui ira le plus loin possible en vacances, et qui en postera les plus belles photos sur facebook, qui aura le plus de "love" sur instagram, qui sera le mieux habillé(e), qui sera le mieux connecté(e) sur linkedin, de qui seront les enfants avec le plus beau sourire etc. etc. etc.
Mais de ceux qui cherchent un emploi, ou de ceux qui n'exercent pas celui qu'ils voudraient, de ceux qui se séparent, de ceux dont les enfants ont des ennuis, de ceux dont la famille se fragilise, pas un bruit, pas un mot, pas une photo. Il faut voir au-delà des filtres que le travail ou internet offre pour se rendre compte que le vernis est parfois bien écaillé. Et il faut se recentrer sur soi pour ne plus y attacher autant d'importance et s'autoriser un peu d'indulgence... Un processus en cours donc dans mon cas, je crois.
Si vous êtes curieux, vous pouvez aussi aller lire cet article, parmi tant d'autres publiés sur le sujet, qui parle de tout ça bien mieux que moi.
Je ne vous cacherai pas qu'en réfléchissant à tout ça, je me pose aussi la question sur le bien-fondé de mon blog. Est-ce que par son biais, je ne participerai pas aussi à cette course? Quid de mes photos de voyage, de balades, de ciel bleu, de soleil etc. Et de repenser à ce blog, mon premier amour d'internet (!!) qui dure depuis plus de 7ans, et qui continue de publier des photos de vaisselle, de coquelicots, de cuisine, mais foin de voyages à l'autre bout du monde, de plages ou de tenues sophistiquées. Il s'agirait peut-être de recentrer aussi ce blog, comme à l'époque où je prenais des photos pas trop dégueulasses de… petit-déjeuner.
* il n'y avait qu'un prof de français pour trouver une telle image
** parlez d'un euphémisme!
** parlez d'un euphémisme!